SESSION 1 : CONTEXTES

Nous, architectes, intervenons au quotidien pour abriter nos semblables.
Les contextes humains, géographiques et réglementaires ont une incidence directe sur le projet.
Ceci est particulièrement vrai pour nunc architectes, du fait de son organisation en 4 pôles géographiques bien distincts.
Des décennies de travail en équipe nous amènent à bâtir des réalisations adaptées à nos territoires.
Les stratégies de réflexions « constructives » mises en place progressivement au cours de nos sessions nunc mensuelles s’enrichissent en permanence. Notre éloignement volontaire et les particularités des « paysages » dans lesquels nous pratiquons y ont une part prépondérante : les sections de bois de charpente sont bien différentes entre les côtes bretonnes et les vallées alpines.
Sur chaque projet, les questions posées trouvent des solutions que nous espérons les plus justes et les plus en phases possibles avec les profondes mutations de la société, du climat et des tentatives de normalisation qui les accompagnent.
Ces questions passionnantes nous permettent de faire évoluer nos pratiques au jour le jour.
Au cours de cette journée :
À travers nos réalisations, nous ferons apparaître les relations qu’elles entretiennent entre elles ainsi qu’avec les personnalités qui fabriquent l’écosystème nunc.
Nous nous interrogerons sur les sujets que nous devons explorer et approfondir pour rester fidèles à nos ambitions.
Enfin, nous entamerons avec nos invités une discussion sur la question ambitieuse des paysages.
Et ceci afin d’enrichir notre culture commune.

Atelier 1 - 10h-12h “ Archéologie des pôles”

Evolution des contextes humains, géographiques et réglementaires au cours de nos réalisations

nunc est le fruit d’un travail collectif. Au croisement de plusieurs territoires, les réflexions s’enrichissent, les liens se tissent…
Cet atelier revient sur le travail des 30 dernières années de l’agence, révélant l’étroite relation entre les 4 pôles.
Sont mis en lumière les filiations entre les différents projets de chaque territoire, l’implication forte de nunc dans les questions thermiques, écologiques, afin de comprendre le parcours qu’a été celui des agences, et l’évolution des contextes humains, géographiques et réglementaires qui ont orienté ce travail collectif.
Plusieurs thèmes sont mis en lumière :

  • La double peau solarisée, liée au confort d’hiver et les solutions techniques qui sont liées : mur trombe, façade capteur solaire. Un dispositif parcourant les différents pôles, s’enrichissant à chaque nouvelle mise en œuvre.
  • L’espace en façade habité solarisé : apparition des protections solaires (déportées ou non), volume de serre qui devient un espace habité, volume chauffé couplé à une ventilation naturelle.
  • Cœur de bâtiment habité solarisé : petit à petit cet espace en façade se déplace au cœur des projets et s’enrichit de nouveaux usages (salle de motricité, « place du village ») jusqu’à l’apparition de rue intérieure dans les établissements scolaires véritables lieux de vie et d’échange.
  • L’orientation et la protection solaire : apparition de casquette, de protection solaire déportée, puits de lumières.

Ces dispositifs évoluent au regard des expériences sur chaque territoire, sont parfois abandonnés quand ils ne sont plus appropriés aux enjeux actuels, en corrélation notamment avec l’évolution des réglementations. Ils évoluent englobant de nouveaux aspects : bilan carbone, enveloppe bio et géo-sourcées, réemploi, confort d’été…
Ces expériences mutualisées nourrissent les réalisations, réorientent les projets en fonction des nouveaux enjeux, réglementations, problématique sociétale.
Ce regard de filiation s’est poursuivi par un atelier pratique rassemblant les réalisations des agences nunc, où les invités et observateurs sont conviés à établir eux-mêmes les filiations entre les projets. D’autres aspects du travail portés par nunc surgissent : le patrimoine, le bois, le monomur, l’orientation des classes au nord dans les projets scolaires, les systèmes de brise-soleil, les « perganda » (espace de pergola protégée), les enveloppes biosourcées.…
Se termine cet état des lieux pour ouvrir la réflexion de l’après-midi sur les enjeux à venir …

atelier 2 -14h-17h

Les questions de l’eau, de la biodiversité, du sol, …, peuvent être mieux abordées dans nos projets.
invités :

  • Jérémy Huet - paysagiste (l’atelier des cairns)
  • Alice Primault - écologue (hinoki biodiversité)
  • Sylvain Klepper - géotechnicien ( sgc)
  • Vincent Courteaux - architecte
  • Stephan Dégeorges - architecte du patrimoine (directeur caue 74)

Ce temps d’échange nous permet de nous interroger sur les sujets que nous devons explorer et approfondir pour rester fidèles à nos ambitions.
Avec ce second atelier nous explorons les sujets qui tendent dans le futur à prendre une part plus importante dans la conception de nos territoires, telle que la biodiversité, étroitement liée à la question de l’eau et des sols, et plus généralement ce qui façonne le paysage.
La première partie de cet après-midi d’échange s’articule autour d’une première intervention d’Alice Primault, écologue : pourquoi parle-t-on de biodiversité ? Quel peut-être l’impact, positif de cette prise en considération du vivant en amont des projets architecturaux ? Telle est l’entrée en matière de cet échange.
Notre invitée rappelle le contexte global dans lequel nous nous situons, la 6ème extinction de masse, et les causes de cet effondrement : pollution, artificialisation des sols, espèces exotiques envahissantes, changement climatique…
Citant ces causes, l’impact de l’architecture s’avère non négligeable et il peut s’agir d’un levier positif important pour maintenir et favoriser la biodiversité.
Un premier point a été fait sur le cadre réglementaire permettant de prendre en compte et de protéger la biodiversité : loi Grenelle environnement de 2009, Plan biodiversité (2018), PLU avec le développement du coefficient de biotope par surface, l’infiltration, les trames vertes, bleues mais aussi noires (liées à l’éclairage urbain), brunes (liées à la continuité fertile des sols) …
Deux labels existent également, permettant d’inscrire la biodiversité dans les projets architecturaux : le label Effinature et le label Biodivercity.

Les outils, bien que peu nombreux, existent, reste aux architectes à s’en saisir et à porter ces enjeux dans leurs projets. Notre invité Pierre Liochon, avocat, droit de l’urbanisme et de l’environnement, alerte sur le fait que les lois fixent des objectifs à atteindre, à nous de nous en saisir et d’être inventifs. Faut-il plus de contrainte ? Le débat est lancé.
L’échange se complète avec les interventions de nos invités paysagistes. La biodiversité est un atout face aux enjeux environnementaux auxquels nous devons nous confronter. Peu coûteux, des outils simples peuvent être mise en place : s’appuyer sur le coefficient de biotope, les trames, notamment la trame noire (qui couple économie d’énergie et biodiversité), favoriser les végétaux locaux et présentant une diversité génétique, travailler contre les pièges à faune (vitrage, espace de noyade pour les animaux).
“Il nous faut réenchanter la complexité” que nos interventions soient “exemplaires et fassent école” selon Stephan Dégeorges, architecte du patrimoine (directeur caue 74).

Un autre point très important apparaît : pour faire avec notre environnement, avec le vivant, le diagnostic est central, et pour réaliser ce diagnostic, la question de nos connaissances est également importante dans notre société qui s’est coupée du vivant…
Ces enjeux appellent à une prise de conscience collective, à une créativité collective.

Par où commence cette sensibilisation ? L’école n’est-elle pas le premier lieu d’éducation ? Le débat s’engage sur le projet sociétal auquel nous aspirons…

C’est justement un projet de société, collectif, qui nous est par la suite présenté par Vincent Courteaux, architecte : l’aventure du village de Celles.
Petite commune située dans le centre du département de l’Hérault, ancrée dans une culture pastorale, façonnée par ses terres rouges des ruffes, Celles a échappé aux eaux du barrage qui devait l’engloutir. La commune s’est trouvée vidée de ses habitants, expropriée en vue de la montée en eaux du lac de Salagou. Depuis elle a été classée au titre du paysage et se situe aujourd’hui dans une zone Natura 2000. Le récit de ce village s’articule autour d’un groupe de résistants, maintenant l’attention sur leur village grâce à la culture (concert, évènements).

Une première étape scelle son futur destin ; en 1983 le statut communal est conservé et avec lui s’engage la rénovation de la mairie et d’un premier logement communal.
En 2010, seconde étape importante : le bâti, appartenant au département suite aux expropriations, est rétrocédé à la commune qui en devient l’unique propriétaire.
En 2019, les premiers porteurs de projet signent les premiers prêts à usage.

Celles va devoir faire face à plusieurs enjeux. Notamment la possibilité de rénover son bourg en ruine, soumis à de nombreuses contraintes du fait de son classement au titre du paysage et de sa situation en zone Natura 2000, en se battant pour continuer à être considérée comme commune urbanisée. S’en suit un échange autour de la table sur la question du classement et de la protection du paysage, et ses effets qui peuvent être néfastes en excluant de ce fait les habitants locaux qui l’ont construit.

Second enjeu : la gentrification de la vallée et la spéculation foncière dues notamment à la présence de domaines viticoles importants, ainsi qu’à l’expansion du tourisme autour du lac. La commune engage une réflexion sur le foncier, sur le projet de société qu’elle souhaite pour sa commune : mixité sociale, choix de développer un village non marchand en excluant également les activités touristiques.
Le débat se relance autour de ses enjeux : quelle campagne crée-t-on ? Quel impact les choix urbains ont-ils sur la modification du paysage ? Comment accueille-t-on les visiteurs ? Quel impact le tourisme a-t-il sur le paysage, le foncier ?

Cette problématique foncière fait échos à d’autres contextes comme nous l’évoque Stéphan Dégeorges, architecte et directeur du CAUE de Haute-Savoie : sur les sites où la pression foncière est forte, comment repenser l’accès à la propriété pour les populations locales qui ne trouvent plus les moyens de se loger ; faut-il prendre exemple sur le modèle Genevois, propriétaire à 70 % de son sol, soutenir les coopératives d’habitants, détacher la propriété du sol et la propriété d’usage ? Les architectes présents dans la salle émettent des avis divergeant, illustrant la complexité de ce sujet …

Le choix de la commune de Celles, propriétaire de l’ensemble du foncier, a été la création d’un fond de dotation, afin d’éviter la spéculation et la vente en résidence secondaire de luxe, octroyant des « prêts à usages » pour permettre aux habitants de réinvestir le village.

Ces réflexions ont été le fruit d’un travail collectif, où ,très tôt, des ateliers citoyens, associant élus, bénévoles, militants, acteurs du paysage, universitaires, ont nourrit la réflexion autour du devenir de Celles.

La discussion se termine sur le rôle politique de l’architecte, comment davantage s’impliquer, s’engager sur ces enjeux de sociétés qui façonnent nos paysages.

discussion autour de la table - 18h-20h « Paysages en devenir »

invités

  • Pierre Liochon - avocat, droit de l’urbanisme et de l’environnement
  • Michel Guthman - architecte urbaniste (mg-au)
  • Jérémy Huet - paysagiste (l’atelier des cairns)
  • Sylvain Klepper - géotechnicien ( sgc)
  • Gabriel Milochau - paysagiste
  • Emmanuel Courtaux - expert et conseil pour la gestion des arbres
  • Luc Boegly - photographe

Introduction par une définition juridique du paysage

Notre débat fut introduit par Pierre Liochon, avocat, droit de l’urbanisme et de l’environnement.
Qu’est-ce que le paysage dans le droit ?

  • L’étendue de pays qui s’offre à la vue. Il existe si on le regarde. Il existe autant de définitions de paysage que de regards.
  • Le paysage né de la rencontre entre un individu et une situation matérielle
  • Loi 1993 (loi Paysage) : Une géographie et une histoire. Il est le rapport entre nature et culture, entre la terre et l’homme.
  • La récente définition par le Droit du Paysage : désigne une partie du territoire telle que perçue par les populations dont le caractère résulte du facteur naturel ou humain et de leurs interactions

Protection : présence de l’Etat qui inscrit des volontés sur la préservation de ces espaces sensibles comme bien national. La loi paysage ne protège pas seulement les grands paysages, elle introduit la notion d’intérêt paysager.

Pour que les règles de conduite fonctionnent, il faut qu’il y ait une culture commune.
Selon Pierre Liochon, il est important d’acquérir non pas la connaissance règlementaire du système mais la culture à travers l’esprit des lois.

Le paysage est une production culturelle, produite historiquement par l’intervention de l’homme.
Aujourd’hui, nous le protégeons de l’intervention de l’homme qui devient destructeur d’un objet dont il était le producteur.
Cela ouvre différentes questions, celle de la place de l’homme dans la nature, et celle de la rupture entre la production de l’habitat humain et le paysage.

Une culture commune à transmettre

Michel Guthmann, architecte-urbaniste, a pu illustrer cette notion d’utilisation de culture commune et de paysages en devenir à travers le projet de son agence pour la Ville de Besançon.
MGAU travaille essentiellement en zones urbanisées, métropolitaines.
Ils ont été retenus pour réfléchir à un nouveau projet urbain pour le site Grette Brulard Polygone, à un moment politique important pour la ville de Besançon. La nouvelle maire écologiste de la ville venait en effet d’arrêter un grand projet urbain alors en préparation.
L’objectif étant de réfléchir à faire les choses autrement.

Comment intervenir sur cet endroit, aux problèmes sociaux importants et où plus de 400 logements venaient d’être démolis ?

Entre le centre historique et les zones d’extensions périphériques de Besançon, les terrains sont très marqués par la main de l’homme, fortement anthropisés. MGAU a donc ordonné les choses pour comprendre où intervenir, questionné les parties prenantes du site, les protagonistes (humains et non humains), et analysé le sol.

Ils ont synthétisé, et restitué cette perception du site.
Supports pour les futures concertations, ces données permettront d’orienter les choix entre la conservation de continuités écologiques importantes, urbanisation et nouveaux programmes. Apprendre à regarder le paysage sans l’arrière-pensée d’un programme pré-établi.

Pour Jérémy Huet, cette lecture du paysage (à travers les déplacements, le mode d’habiter ou notre mode d’alimentation) est un outil qui permet de dresser un état des lieux de que l’on a sous les yeux. Une connaissance commune pour avoir des clés de lecture.

Renouer avec la géographie

Les participants à notre débat étaient tous d’accord sur un point. Il faut renouer avec la géographie. Aujourd’hui le droit imposerait les règles car il n’y a plus cette lecture intuitive des choses, qui nous pousserait à créer des paysages plus lisibles, cohérents, liés à la géographie, à nous appuyer sur des éléments qui ne changent pas, tel que le parcours de l’eau.
« On s’est détachés de choses qu’il n’était pas possible de transformer avant le développement des moyens. La puissance de nos outils techniques nous a coupé de la réalité physique de la nature. »

Nos habitats ont trop investi par rapport à ce qu’on avait humainement besoin.
Comment redonner une juste place à l’espace d’habitat et le rendre plus harmonieux avec ce qui l’entoure ?

Mutation à venir des paysages urbains

Emmanuel Courtaux, expert conseil pour la gestion des arbres, nous rappelle qu’aujourd’hui nous n’avons plus le contrôle sur le devenir des arbres face au changement climatique.
Leur capacité de résilience est mise à mal, et de nombreuses espèces sur les 200 avec lesquelles nous travaillons aujourd’hui sont amenées à disparaitre.
De nouvelles pathologies apparaissent. Le chamcre coloré du platane décime depuis quelques années les platanes de Lyon, Grenoble, Chambéry ou Créteil. La prolifération de ce champignon, facilitée par le déplacement des outils de coupe et des hommes à travers la France et le prééminence impressionnante du platane en France (50% du patrimoine arboricole urbain) va changer considérablement le paysage de nos villes de demain.

Anticiper – diversifier – observer

Les palettes végétales à replanter doivent être anticipées, elles remonteront du sud vers le Nord. Le paysage de Lyon s’apparentera aux paysages visibles à 300km au Sud de la ville.

Cela sera l’occasion de repenser et mettre en corrélations les plantations aux changements d’usages et de diversifier les espèces végétales utilisées.

Emmanuel Courtaux suggère de se laisser le temps d’observer ce qui se passe.
D’avoir des stratégies à court et long terme, de laisser se développer un couvert végétal à court terme via des plantes « conquérantes » tout en plantant des chênes en parallèle.
Ce qui est toutefois déstabilisant est que la palette végétale méditerranéenne du sud est moins large que celle que l’on avait jusqu’ici dans le nord.
Un débat s’est ouvert sur les espèces conquérantes comme le paulownia qui a le mérite de s’adapter et d’apporter une réponse pour les ilots de fraicheur , et l’inquiétude sur la rupture que cela entraine pour la biodiversité qui ne retrouve pas son habitat dans ces nouvelles essences

La diversification des espèces dans nos paysages amène de nouveau la notion de culture commune. La gestion des espaces verts en ville demandera plus de manutention, de culture, de compétence, mais remettra en lumière et au centre de l’enjeux des paysages en devenir des métiers aujourd’hui relégués en second plan et vidé de sens.

Se rapprocher du vivant

Jérémy Huet introduit la notion d’acceptabilité quand on va venir retravailler l’espace et se rapprocher du vivant. Nous sommes sur une transformation concrète, mais est-on prêt à accepter ces changements ?

Ouverture sur la notion de programmation

Plusieurs fois, au cours de notre discussion, lorsque nous présentions des projets ayant dû faire face à de lourdes contraintes de site (telles que des dolines à Besançon), la notion de programmation a été énoncée. Pourquoi construire là ?
La lecture du paysage doit être faite très en amont. L’architecte et le paysagiste sur une opération arrivent donc souvent trop tard. Les choix ont été fait en amont. Le projet de Besançon présenté montre clairement l’interêt d’intervenir dans lors des lectures du paysage.
Les contraintes peuvent être intégrées, mais quelle limite s’imposer.

Photographie, comme révélateur objectif de nos paysages

La discussion se termine par le témoignage de Luc Boegly, photographe, sur le rôle à jouer de la photographie et du regard sur la question du terroir et du paysage.
Elle est un non outil pour déceler et mettre en évidence les caractéristiques du territoire.
L’architecture s’inscrit dans un grand paysage et participe à l’attachement qu’on lui apporte.
Le paysage nous devient personnel.
La photographie permet, si elle est suffisamment silencieuse, de mieux définir ce paysage mental, qui devient cohérent avec le territoire réel.


liens vers sites

atelier des cairns
mg-au
hinoki
caue 74
mairie de Celles
baremedelarbre.


documents présentés ou en référence lors des sessions

biodiversité @hinoki
Celles une histoire en suspens, ré-habiter le village
fôret Miyawaki - @ Boomforest
Projet de renouvellement urbain Besançon - @mg-au
péreniser le patrimoine arboré